Moins de quelques semaines après son annonce fortement médiatisée, se dégage l’impression que finalement tout est déjà dit sur l’iPad. Avec 3 axes très classiques : les « ultra pour », « les contres », et les « attentistes » qui comme d’habitude décideront plus tard. Chacun ayant de bons arguments, souvent tous très justes, il est possible de débattre longtemps sur l’absence de l’appareil photo, ou sur la possibilité de téléphoner ou pas… d’autant qu’il paraît évident que ces fonctions dites « manquantes » seront toutes ajoutées au fil des versions. C’était là même chose pour le iPhone non?
N’est il donc pas finalement beaucoup plus intéressant de s’interroger sur la place que va prendre ce nouvel objet dans nos vies, dans nos foyers ? Car au-delà de l’iPad, c’est de l’avènement des objets communiquants dont il s’agit et de leurs places à nos cotés. Car en effet un iPad est un objet communiquant, c’est à dire un objet qui ne sert pas nécessairement à téléphoner, qui est connecté aux réseaux sans fils, 3G ou Wifi et qui permet de communiquer dans le cadre de relations interpersonnelles, dans le cadre de réseaux sociaux ou encore de consulter de l’information et consommer des services via des applications ou le navigateur embarqué.
Il est alors intéressant de se demander « Comment » sera utilisé cet objet ? Sur la base de quelle stratégie « multi-canal » des annonceurs ? Et surtout à quel besoin, existant ou à créer, répondra-t-il pour les consommateurs ? Car en effet à ce jour bien malin celui qui peut répondre à ces questions avec certitude. Alors à défaut de certitude, retournons nous vers nos convictions et analysons la situation :
Il parait aujourd’hui clair et évident qu’un ordinateur (même portable) isole et qu’il n’est pas l’outil adapté pour une consultation d’informations et de services dans le salon en famille, dans les transports … L’ordinateur portable ne sert finalement qu’à transporter son bureau et ses moyens de communications. A l’autre bout de la chaine, le téléphone portable (à travers le Smartphone) a « corrigé le tir » à l’extrême, avec un confort de lecture et de saisie malmené par les limitations de tailles imposées par l’objet et par son réceptacle : la poche.
Pourtant l’ordinateur portable et le téléphone portable ont en commun la confidentialité des informations, le respect de la vie privée, un rapport personnel avec son propriétaire. Le rapport de possession est fort. Ordinateur ou téléphone portable : c’est le mien, je ne le prête pas !
Pourtant la tablette iPad se prête, elle, à un usage familial dans le salon et c’est cela qui est nouveau en terme d’usage et de comportement. Mais dans ce cas, qui configurera son mail derrière le bouton mail ? Qui déclarera son compte facebook ? Qui choisira les préférences et les favoris, le subset d’applications installées ? Car ce qu’il manque sur l’iPad, comme sur la majorité des objets communiquants, c’est tout simplement la gestion des utilisateurs. Une gestion simple et efficace qui se transposerait de mon ordinateur à ma voiture en passant par mon téléphone et mon iPad. Comment parler sinon de continuité d’usage et de convergence si le passage d’un objet à l’autre correspond à un passage du privé, de l’intime au public.
Il faut également se pencher sur les nouvelles opportunités liées aux nombreux pixels ajoutés. L’écran de l’iPhone imposait encore de faire des choix et de rester sur des applications très verticales. Une application ne devait, faute de place, faire qu’une seule chose mais la faire bien, et cela de manière pratique, optimisée pour la mobilité. Or la Tablette sera manifestement plus utilisée de manière sédentaire, avec plus de confort autour de soi et de temps pour l’utiliser. Nous allons donc voir arriver des applications qui vont s’horizontaliser et fédérer des contenus différents en affichant par exemple sur un même écran la météo, les mails non lus, le fil de news de mon quotidien préféré mais pourquoi pas également mon mur facebook. Le retour des portails sous forme d’applications ? Et pourquoi pas !
Quoi qu’il en soit nous sommes avec l’iPad, dans le challenge (l’avènement ?) du multi-écran. Celui-ci imposant d’être reconnu et connu par l’ensemble des systèmes informatiques que j’utilise mais aussi et surtout que ceux-ci s’adaptent en fonction de mes préférences globales (communes) et particulières (spécifiques). La synchronisation des données et des préférences se fait en temps réel. Apple avec Mobile-Me l’a bien compris : une brique encore silencieuse mais finalement pilier essentiel d’un dispositif multi-écran : la synchronisation.
L’objet est là, les attentes sont fortes, les usages à créer, les services à développer. Apple a fait la première partie du challenge, aux Agences de faire le reste, en mettant les bons services dans l’écrin.
Depuis quelques semaines nous recevons plusieurs appels des annonceurs soucieux de ne pas rater le lancement et une si belle occasion de mettre leurs marques en avant, même si il est certain que l’iPad représente un coût supplémentaire dans leur stratégie digitale. Un développement, un service, une application iPad n’est pas un site mobile, ni un développement iPhone ou Android. Il faut REfaire, REpenser, REdévelopper, REpayer … et pourtant cela en vaut la peine.
L’iPad est le moyen de comprendre ce que fait le consommateur dans son salon, dernier endroit où il n’a pu être ciblé mieux que par une télévision « broadcast » ne permettant aucun retour, aucune interactivité et aucune continuité de service avec les autres canaux, mais il est aussi et surtout le moyen de savoir ce que fait toute la famille dans son ensemble.
Combien de téléspectateurs « buzzeront » demain de chez eux sur leur tablette pendant l’émission « Question pour un champion » en confrontation directe avec les joueurs sur le plateau. Combien d’ados feront via facebook des commentaires et partages d’émotions en direct sur le film en cours. Combien de séniors pourront enfin participer en temps réel au jeu des chiffres et des lettres depuis leur fauteuil. Les informations contextuelles récoltées sont potentiellement énormes, à la croisée des chemins entre l’usage, la localisation, l’écran, l’individu et sa famille.
La page est finalement presque Blanche, un véritable appel à créativité. Un espace de rupture où il est possible de réinventer, de sortir des codes des canaux traditionnels tels que le web et la télévision. Et en repartant du mobile s’émerveiller à nouveau devant l’étendue de l’océan bleu qui se présente devant les agences mobiles, les annonceurs et au final les consommateurs.